La Corse présente une diversité et une complexité géologiques remarquables.
Elle se distingue par trois grands domaines géologiques : la Corse hercynienne, la Corse alpine et les bassins sédimentaires.
Granites rouges permiens du golfe de Porto, calanches de Piana

Granites rouges permiens du golfe de Porto, calanches de Piana

© Albert Demichelis

La Corse hercynienne

  • La Corse hercynienne est formée pour l'essentiel par un vaste massif granitique (batholite) composé de différents granites, et dans une moindre mesure de roches métamorphiques et sédimentaires. Les roches granitiques se mettent en place pendant la formation (orogenèse) de la chaîne varisque au cours de trois événements géologiques majeurs :
  • Il y a 340 millions d’années, au Carbonifère inférieur, des corps granitiques (plutons) se mettent en place en profondeur à la suite du refroidissement de magmas riches en magnésium et potassium. Aujourd’hui, ces roches sont observables de l’Île-Rousse à Ajaccio. Les produits d’érosion de ces massifs granitiques, des conglomérats, se déposent dans des bassins houillers au cours du Carbonifère supérieur (310 millions d’années).
  • Il y a 305 millions d’années, suivant une relative quiétude géologique d’environ 20 millions d’années, des magmas calco-alcalins (riches en calcium, sodium, potassium) vont refroidir en profondeur et former de nouveaux plutons qui constituent l’essentiel de l’actuel batholithe au Centre et au Sud. Certains de ces plutons, comme la diorite orbiculaire de Sainte-Lucie-de-Tallano, ont été exploités en carrière pour la production de roches ornementales et de construction.
  • Entre 270 et 250 millions d’années, au Permien, d’ultimes plutons se mettent en place en profondeur, accompagnés d’un volcanisme important en surface. Le Monte Cinto, le massif de Tolla et les aiguilles de Popolasca en sont les témoins.

Au sein de ce batholithe sont reconnues des roches plus anciennes : anciens sédiments, anciens granites, anciennes roches volcaniques et certaines roches métamorphiques (gneiss, micaschistes, orthogneiss) dont les âges avoisinent 700 millions d’années. Ces roches anciennes sont recouvertes en discordance par une pile de roches sédimentaires qui datent de l’Ordovicien au Carbonifère.

Cette Corse "ancienne" se prolonge en Sardaigne orientale (Iglesiente) et, par ailleurs, présente des similitudes avec les massifs des Maures, de l’Esterel et du Tanneron en Provence.

Corse alpine

Lame de basaltes ophiolitiques pincée dans des calcschistes (schistes lustrés), Meria, Haute-Corse

© BRGM, Charlène Coutin

La Corse alpine

  • La Corse alpine ou orientale, de l’âge du Cénozoïque, correspond à l’histoire géologique plus récente de l’île de Beauté. Il s’agit d’un ensemble de roches métamorphiques aussi nommées "schistes lustrés", âgées d'entre 170 et 100 millions d’années, et qui témoignent de l’océan alpin dit "liguro-piémontais", aujourd’hui disparu. Ces roches sont des reliques des marges continentales qui bordaient cet ancien océan et d’une partie de la croûte océanique elle-même (basalte en coussins métamorphisé de l’Inzecca).

La fermeture de l’océan alpin a commencé au Crétacé supérieur (il y a environ 100 millions d’années) via un mouvement tectonique complexe, la subduction (plaque tectonique passant sous une autre).

Il y a environ 40 millions d’années, à l’Éocène supérieur, le mouvement de subduction est bloqué, les terrains sont comprimés. Débute alors la mise en place de nappes, une structure tectonique faite d'une superposition de séquences de roches très variées : schistes à séricite (mica blanc), schistes verts (prasinites), cipolins, quartzites, serpentinites, gneiss, basaltes et gabbros métamorphisés, etc.

Mégarides dans les calcaires miocènes des falaises de Bonifacio

Mégarides dans les calcaires miocènes des falaises de Bonifacio

© BRGM, Olivier Serrano

Les bassins sédimentaires 

  • Des bassins sédimentaires se forment au Miocène alors que la Corse gagne son autonomie géologique. Entre 30 et 15 millions d’années, l’ouverture du golfe du Lion est favorisée par la rotation antihoraire de la Corse et de la Sardaigne faisant jusqu’alors face à la Provence. L’océan liguro-provençal est en train de naître. La croûte terrestre s’étire, formant des bassins sédimentaires qui se remplissent de sédiments en mer et sur terre. Ces sédiments sont représentés par les grès carbonatés du bassin de Saint-Florent, par les conglomérats et les dépôts marneux et sableux du bassin de la plaine orientale (région d’Aléria) et par les calcarénites de Bonifacio.

 

  • Les terrains corses les plus récents sont des sédiments qui datent du Pliocène et du Quaternaire. Les roches du Pliocène sont rares en Corse. Il s’agit de sables et de grès d’origine continentale, de sables et d’argiles sableuses d’origine marine. Dans la carrière de Peri, les argiles sableuses à gastéropodes et oursins comportent aussi des traces de feuilles et des paléosols indiquant un environnement de dépôt proche d’un rivage. Les sédiments d’âge quaternaire sont les alluvions fluviatiles, facilement observables aux embouchures des fleuves Golo et Tavignano, les cordons dunaires de l’Ostriconi ou encore les formations d’origine glaciaire. C’est le cas des pozzines du Renoso, qui témoignent du dernier stade de comblement d’un lac à l’arrière d’un cordon de moraines.

Carte géologique simplifiée de la Corse

Carte géologique simplifiée de la Corse

Carte géologique simplifiée

Échelle 1/ 500 000

BRGM, 2023

Le domaine géologique qui contient la grande majorité des occurrences amiantifères est le domaine de la Corse alpine

Ce domaine géologique résulte d’une histoire complexe qui s’étale sur plusieurs dizaines de millions d’années et qui a vu, dans un premier temps, l’ouverture d’un domaine océanique, associée à la mise à l’affleurement de roches ultrabasiques (péridotites ± serpentinisées) et à la formation d’une croûte océanique constituée de gabbros, de basaltes et de sédiments océaniques.

Ces roches ont ensuite été enfouies, pour la plupart, dans une zone de subduction (zone où une plaque passe sous une autre plaque) où elles ont subi des transformations minéralogiques en profondeur.

Puis ces roches ont été exhumées et empilées les unes sur les autres par le jeu de grandes failles et de grandes zones de déformation.

Certaines de ces unités géologiques, observables à l’affleurement, sont constituées par d’anciens sédiments ou par d’anciens granites, les autres par d’anciennes péridotites plus ou moins serpentinisées et associées ou non à d’anciens gabbros et basaltes métamorphisés (Lahondère, 1996).

La plupart des limites qui séparent toutes ces unités sont tectoniques et peuvent être soulignées par des affleurements discontinus de péridotites serpentinisées.

Les principaux massifs de péridotites ± serpentinisées et de serpentinites affleurent au niveau de la retombée occidentale du dôme de la Castagniccia ainsi que dans la partie occidentale du cap Corse.

Les serpentinites sont associées d’un point de vue cartographique à des massifs plus ou moins importants de gabbros magnésiens (euphotides) et ferreux. Parmi les faciès également présents en Haute-Corse se trouvent d’anciens basaltes métamorphisés dans les conditions du faciès des schistes verts.

Toutes ces roches sont susceptibles, du fait de leur chimisme, d'être amiantifères, c'est-à-dire de renfermer localement des minéraux silicatés fibreux (amphiboles de type actinolite et trémolite notamment, serpentines de type chrysotile).

La probabilité d’occurrence d’amiante naturel est forte pour les péridotites serpentinisées, moins importante pour les gabbros magnésiens et probablement plus faible, hors contexte structural particulier, pour les anciens basaltes. Pour les unités à matériel sédimentaire ou granitique, la probabilité de la présence de minéraux amiantifères est plus faible, voire nulle, en dehors d’un contexte structural particulier (zones à très forte déformation).