Toutes les variétés d’amiante sont classées comme substances cancérogènes pour l’homme (catégorie 1A) par l’Union européenne et comme agents cancérogènes certains (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Maladies liées à l'amiante

Maladies liées à l'amiante

©Asbestos.com

Danger : les effets sanitaires

Le risque sanitaire est lié à la présence de fibres d’amiante dans l’air inhalé. Celles-ci sont cancérigènes en dehors de toute considération de dose.

Les maladies liées à l’amiante sont provoquées par l’inhalation de fibres d'amiante

L'inhalation de fibres ou de poussière d'amiante peut provoquer des maladies graves telles que l'asbestose (qui entraîne une diminution de la capacité respiratoire), le cancer du poumon, le mésothéliome (cancer de la plèvre ou du péritoine) ou le cancer du larynx.

Le cancer du poumon et le mésothéliome sont des pathologies progressives et peuvent se manifester avec un temps de latence de 20 à 40 ans, voire plus.

Pourquoi ?

Parce que les fibres d'amiante, de par leurs propriétés exceptionnelles, sont extrêmement résistantes et très difficiles à éliminer.

Les fibres d’amiante atteignent les alvéoles pulmonaires. Même si une grande proportion de fibres est épurée, une partie de celles qui restent dans l’organisme va se déplacer vers l’extérieur du poumon, jusqu’à la plèvre. Les fibres demeurant dans le poumon et celles qui ont migré peuvent être à l’origine de pathologies mortelles qui surviennent plusieurs décennies après le début de l’exposition à l’amiante. C’est le cas du cancer du poumon et du cancer primitif de la plèvre, appelé aussi mésothéliome.

Combien de personnes sont concernées en France ?

En 2007, l’INRS estimait à entre 1 et 2 millions le nombre de travailleurs potentiellement exposés à l’amiante lors d’activités d’entretien ou de maintenance, dont 900 000 dans le secteur du bâtiment. 

Selon les dernières données de l’Assurance maladie de 2014, le nombre de maladies professionnelles reconnues liées à l’amiante a atteint un pic en 2007 (6 292 cas).

Les maladies liées à l’amiante représentent aujourd’hui la deuxième cause des maladies professionnelles et la première cause des décès liés au travail (hors accidents du travail).

Talcschistes fibreux à trémolite-amiante

Affleurement de talcschistes fibreux à trémolite-amiante

©BRGM, Charlène Coutin

Et en Corse ?

Les études épidémiologiques réalisées en Corse à la fin des années 80 ont montré qu’il existait un risque d’exposition à l’amiante d’origine environnemental en Corse. Des pathologies spécifiques à l’amiante sont apparues en excès dans des populations pour lesquelles aucune exposition de type professionnel n’est démontrée[1].

La fréquence de plaques pleurales y était plus de trois fois supérieure en Corse du Nord-Est (région des schistes lustrés) qu’en Corse granitique.

À Murato, village du Nebbio situé sur l’un des plus grands affleurements de serpentinites de Corse du Nord-Est, 41 % de la population de plus de 50 ans présente des plaques pleurales.

Plusieurs cas de mésothéliome ont été enregistrés chez des personnes n’ayant eu aucune exposition professionnelle à l’amiante, mais résidant dans des régions où affleurent des gisements de roches amiantifères[2].

 

L’exposition environnementale à l’amiante, longtemps masquée par le problème de l’exposition professionnelle, a un impact sanitaire encore difficilement quantifiable, mais bien réel.

 

[1] Boutin C., & all. Bilateral pleural plaques in Corsica : a marker of non-occupationnal asbestos exposure. In Bignon J., Peto J. and Saracci R., eds. Non-occupational exposure to mineral fibres. Lyon: IARC Scientific Publications, 1989, 90, 406-410

[2] Rey F., & all . Environmental pleural plaques in an asbestos exposed population of northeast Corsica. Eur. Resp. J., 1993, 6, 978-982

Vue générale de l'appareil respiratoire de l'homme (poumons/plèvre)

Vue générale de l'appareil respiratoire de l'homme (poumons/plèvre)

© Incisif, d'après F. Metzger pour l'INRS

Mécanisme toxicologique

Les fibres d'amiante sont constituées de faisceaux de fibrilles qui se séparent très facilement sous l'effet d'usinages, de chocs, de frottements... pour former un nuage de poussières très fines, souvent invisibles à l'œil nu.
La dimension des fibres est déterminante pour évaluer leurs effets sur la santé :

  • Plus une particule est petite, plus elle peut pénétrer profondément dans l'appareil respiratoire.
  • Plus les fibres sont longues et fines, plus l'organisme a des difficultés à les éliminer, et plus elles sont dangereuses.

Les fibres retenues dans les poumons peuvent interagir localement avec les tissus et provoquer une inflammation du poumon et/ou du tissu qui l'enveloppe, la plèvre. Ces manifestations sont très progressives et ne se détectent pas facilement à un stade précoce. Si la quantité de fibres retenues est importante, une fibrose du poumon profond, l'asbestose, peut apparaître après plusieurs années.

Toxicité des fibres

La toxicité d'une fibre d'amiante dépend de :

  • La dose inhalée, en nombre de fibres inhalées par l'individu au cours de sa vie.
  • La dimension de la fibre, et notamment sa longueur. Les fibres courtes pourront être plus facilement évacuées par l'organisme, et représenteront donc un risque moins grand que les fibres longues.
  • La biopersistance, définie par sa résistance aux attaques chimiques que l'organisme met en œuvre pour détruire les corps étrangers. Une fibre résistante persistera dans l'organisme et pourra développer des pathologies, alors qu'une fibre faiblement résistante sera éliminée et ne sera pas source de problème.
  • La famille à laquelle appartiennent les fibres amphiboles et serpentines. Les données épidémiologiques suggèrent que l'exposition aux fibres de chrysotile produit une incidence de cancers moins élevée que l'exposition aux amphiboles, en particulier pour le mésothéliome.*

*Source : Dossier médicotechnique TC 71 de l'INRS, Physiopathologie des maladies liées à l'amiante

Quel est le risque ?

La présence d'amiante n'est pas nécessairement dangereuse. Le principal danger provient de son inhalation.

Il n'y a risque d'inhalation que lorsque les fibres d'amiante se détachent des matériaux qui les contiennent.

Le risque est relativement faible tant que les fibres d'amiante restent solidement prises dans le matériaux. Ce potentiel augmente considérablement si la roche est soumise à des travaux et détériorées.

Les sources d'exposition

Les principales sources d'exposition sont liées aux interventions directes sur les matériaux naturels contenant de l'amiante, notamment lors de travaux (fraisage, sciage, ponçage) ou lorsque les matériaux contenant de l'amiante se désagrègent.

Il existe plusieurs situations dans l’environnement pouvant présenter un risque d'inhalation des fibres :

  • Lors d'un processus d’altération naturel des roches. Un affleurement naturel, soumis aux contraintes climatiques, va se désagréger.
  • Lors d'un processus de dégradation des sols végétalisés (feux ou défrichement) qui va accélérer le processus d'altération du sol.
  • Lors de travaux d’aménagement et d’extraction.
  • Lorsque des véhicules roulent sur des voies non asphaltées.
    Dangereux pour la santé

    Dangereux pour la santé

    Signalétique usuelle

Les activités à risque

Les modalités d’exposition des découvertes ou des dépôts de déblais à des contraintes mécaniques sont très variables. Peuvent être citées, de la plus forte à la plus faible :

  • travaux de terrassement ;
  • travaux de jardinage ;
  • circulation piétonne ou automobile ;
  • conséquences de l’action du vent sur tous les matériaux ;
  • effets de la gravité et de l’érosion sur les matériaux friables contenus dans les talus.

Les matériaux en place contenant plus ou moins d’amiante, la quantité de fibres d’amiante mobilisables varie en conséquence.

Les travaux de terrassement conduits sur les roches et les sols comportant de l’amiante ont un effet à court et à long terme :

  • Pendant le chantier. Si des moyens efficaces pour rabattre les poussières engendrées par les travaux ne sont pas mis en œuvre, des fibres d’amiante sont émises, ce qui peut provoquer une exposition des personnels et une contamination de l’environnement du chantier.
  •  En fin de chantier. Lorsqu’il n’est pas procédé au recouvrement de toutes les zones découvertes, la potentialité de mise en suspension des fibres persiste durablement.

Cet empoussièrement de l’air provoque une exposition régulière et passive des populations vivant à proximité. Les fibres peuvent se concentrer à l’intérieur des locaux collectifs ou individuels, sous l’effet du vent et de l’apport opéré par les personnes pénétrant dans les bâtiments. On constate ainsi que les valeurs des concentrations en fibres d’amiante dans l’air sont souvent plus élevées à l’intérieur des locaux qu’à l’extérieur, et quelquefois nettement plus.

Pour mémoire, la valeur à ne pas dépasser à l’intérieur des locaux est fixée à 5 fibres d’amiante par litre d’air (f/l) pour les fibres de plus de 5 micromètres de longueur.

Les activités émettrices de poussières couvrent donc un vaste champs de domaines. Le BRGM a conçu un schéma des différentes activités et des populations associées.

Activités émettrices de poussières et populations exposées

Activités émettrices de poussières et populations exposées

Coutin C., Cagnard F., Lahondère D. (2020) – Reconnaissance de zones naturelles amiantifères sur quatorze communes de Ponte-Leccia (Haute-Corse) : Castineta, Morosaglia, Valle-di-Rostino, Castello-di-Rostino, Canavaggia, Bisinchi, Campile, Lento, Bigorno, Campitello, Volpajola, Scolca, Vignale Murato Rapport final. BRGM/RP-69546-FR, 382 p., 252 fig., 15 tabl. 3 ann